Pendant les sept dernières années, malgré une conjoncture qui n’a pas toujours été favorable, le Cameroun est entré dans la phase de diversification de sa production et d’industrialisation de l’économie, avec comme moteur le secteur privé. Perché en stratège sur les hauteurs d’Étoudi, où est situé le palais présidentiel, Paul Biya analyse le jeu gouvernemental dans tous les secteurs et apprécie son impact sur la vie des Camerounais et le progrès du pays.

Placé sous le signe des grandes réalisations, le mandat de Paul Biya commence avec de grands chantiers économiques. À partird’octobre 2011, il pose la première pierre du port en eau profonde de Kribi, du barrage de Memve’ele, du barrage de retenue d’eau de Lom Pangar et du second pont sur le Wouri. À la vérité, les chantiers sont bien plus nombreux encore : barrage de Mekin, entrée Est et Ouest de Douala, autoroute Yaoundé-Douala, etc.
Sorti d’une longue période d’ajustement économique et débarrassé des fourches caudines du Fonds monétaire international (FMI), le Cameroun a décidé de se donner une vision (Vision 2035) et une stratégie (DSCE, Document de stratégie pour la croissance et l’emploi). Les grands projets sont la première poussée de cette dynamique qui doit s’achever par son émergence économique en 2035. Ces chantiers infrastructurels sont le socle de l’essor programmé, dans quasiment tous les domaines.
Un appel à l’investissement privé
Et les résultats sont encourageants : entre 2011 et 2014, le taux de croissance de l’économie tourne autour de 5-6 %. Très clairement, les investissements réalisés ont boosté la croissance. Mais pas assez au goût du président de la République, déçu de ne pouvoir atteindre les 7 % de référence pour devenir un pays émergent. Il formule un plan d’urgence triennal (2015-2018) pour booster la croissance par des investissements publics de 925 milliards FCFA. Sa mise en oeuvre s’achève cette année 2018. L’investissement public c’est bien, mais celui du privé est d’un apport encore plus appréciable.
Paul Biya est conscient que son pays n’attire pas suffisamment d’investissements directs étrangers (IDE) et questionne son attractivité. En avril 2013, il fait adopter une loi sur les incitations à l’investissement privé. C’est un régime de facilités et d’exonération au bénéfice des entreprises disposant de projets d’investissement. Selon un bilan effectué à lami-2017, le montant des investissements projetés entrant dans ce registre et ayant bénéficié d’un agrément du gouvernement s’élève à 2 322 milliards FCFA pour plus de 50. 000 emplois directs à créer. Le même mois d’avril 2013, il crée l’Agence de promotion des PME pour répondre aux besoins spécifiques des Petites et moyennes entreprises.
Cet élan est brisé en 2014 avec la baisse brutale et drastique du cours du pétrole, événement terrible pour les économies des pays producteurs dont le Cameroun. Les recettes pétrolières dégringolent et affectent le budget de l’État camerounais. Mais le pays fait preuve d’une résilience saluée par ses partenaires au développement, y compris le Fonds monétaire international. Cette capacité à résister aux chocs exogènes est tributaire de la diversification des exportations du pays, qui reposent sur une large palette de produits dont le cacao, le bois, le coton, le café, la banane, le caoutchouc, l’aluminium, etc.
Diversification et transformation de la production
Ce n’est pas le cas des autres pays d’Afrique centrale. Le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale, la République centrafricaine et le Tchad plongent et creusent le déficit de la balance de paiement au risque d’annihiler les capacités d’importation de toute la sous-région. Paul Biya a compris que c’est à son pays d’assurer le leadership d’une sortie de crise, au moment même où une dévaluation du Franc CFA Afrique centrale n’est plus seulement une hypothèse intellectuelle.
Il convainc ses pairs d’une rencontre historique le 23 décembre 2016 à Yaoundé, où sont arrêtées les mesures d’ajustement économique qui permettent aujourd’hui à la CEMAC de sortir la tête de l’eau. Cette crise a eu l’avantage de révéler au Cameroun ses côtés forts. Yaoundé joue désormais à fond la carte de la diversification de l’économie. Le gouvernement camerounais décide ainsi de mettre l’accent sur les produits d’exportation, mais aussi de travailler à diminuer progressivement les importations qui déséquilibrent sa balance commerciale, notamment le poisson, le riz ou encore la friperie. C’est le sens du financement apporté par ministère de l’Economie à la construction, programmée en 2019, d’un débarcadère et d’un marché de poisson à Youpwè, principal point de vente de cette denrée à Douala, et de la mise sur pied d’une unité de production de glace et de conservation de produits halieutiques sur l’île de Manoka, un arrondissement de Douala. Financement global de près de 1 milliard de FCFA assuré par les fonds publics. D’un autre côté, le gouvernement envisage une production annuelle de 700 000 tonnes de riz à la fin 2020, soit le double de sa consommation actuelle.
Mais il n’y a pas que le défi de la production, il y a également celui de la transformation, de la création de la valeur ajoutée. En juin 2016, le gouvernement a apporté un appui de 1,2 milliard de FCFA à la construction d’une usine de transformation du cacao à Kekem dans la Région de l’Ouest. L’objectif est de parvenir à une création de valeur ajoutée sur le cacao à hauteur de 30 % sur les 280 000 tonnes actuellement produites. En janvier 2018, près d’un milliard a été octroyé à une entreprise privée spécialisée dans la transformation du café à Nkongsamba, dans le Littoral. Seulement 5 % de la production du café est transformée. De manière globale, le gouvernement a fait adopter un plan d’industrialisation aux objectifs bien précis, notamment faire augmenter la part du secteur secondaire dans le PIB, actuellement de 24,5 %.
Le secteur privé, moteur de la croissance
En filigrane de cette offensive pour la diversification et la transformation apparaît clairement l’engagement du gouvernement à mettre le secteur privé au centre du jeu économique. Cela se perçoit avec la tenue régulière depuis 2009 du Cameroon Business Forum, une plateforme de concertation public/privé pour lever les barrières aux affaires et améliorer son classement Doing Business.
Ses recommandations sont, à grand pourcentage, mises en oeuvre, comme celles sur le financement des PME par, notamment, le paiement de la dette intérieure de l’État, formulée à la dernière session de mars 2018. Paul Biya y a répondu en instruisant le paiement immédiat de 32 milliards de FCFA d’arriérés aux prestataires de l’État. Le service de la dette publique intérieure en 2018 est de 670 milliards de FCFA contre 402 milliards en 2017. D’autre part, depuis plusieurs années, Paul Biya multiplie les missions économiques à l’étranger, à la tête d’une délégation composée d’hommes d’affaires privés. Transformé en VRP sur tous les continents, il décroche contrats et projets pour le plus grand bien des entreprises. En avril 2016, Paul Biya avait lui-même piloté l’organisation d’une conférence internationale au nom évocateur, organisée dans son pays : «Cameroun, terre d’attractivités». Le président Biya a par ailleurs pris à bras-le-corps la question de l’emploi-jeune, l’un de ses sujets de préoccupation permanents.
Le chef de l’État camerounais a constaté que la croissance, même modérée de l’économie, n’avait pas, comme il l’avait espéré, créé massivement des emplois décents. Aussi a-t-il annoncé en février 2016 la mise en place d’un «plan spécial jeunes» doté de 102 milliards de FCFA pour générer en trois ans des emplois à 1,5 million de jeunes. Près de 3 500 projets sont depuis lors en incubation sur l’ensemble du pays.
Dans la répartition des financements par secteur de ce «plan spécial jeunes», l’économie numérique arrive en bonne place. Le président Paul Biya a quasiment eu un coup de coeur pour la «génération Android» qu’il veut voir transformer son pays. Une telle jeunesse d’esprit s’est traduite par l’adoption d’un plan gouvernemental de développement de l’économie numérique. Ce plan vise à développer les infrastructures de communication électronique, la nouvelle économie et l’intégration du digital dans les secteurs d’activité. Le potentiel de ce segment est en train de s’exprimer à travers le génie de jeunes Camerounais qui tutoient le monde des TIC. La révolution numérique est en marche.

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