La valeur d’une monnaie dépend de plusieurs facteurs et le projet africain de se doter d’une devise unique n’y échappera pas. Dans le continuum des réflexions entamées dès l’annonce de ce projet, l’Association des banques centrales africaines (ABCA) a établi en 2002 un planning pour la mise en place de la monnaie unique africaine. L’année suivante, elle que l’Afrique serait dotée d’une monnaie unique et d’une banque centrale panafricaine en 2021. Beau programme mais depuis, mais il y a un facteur de convergence à régler entre les « sous-monnaies » régionales. C’est le premier écueil sur le long chemin vers l’autonomie monétaire du continent. Viendra ensuite le grand plongeon dans la mare du marché international des changes.
Un calendrier serré
Un Programme de Coopération Monétaire en Afrique (PCMA), qui lancé en 2002 a été mis en place pour une convergence des politiques macro-économiques. Il dispose de six étapes, devant arriver à l’introduction et la circulation d’une monnaie commune africaine.
Etape I (période 2002 2003)
- Création des comités sous-régionaux de l’ABCA où il n’en existe pas et redynamisation des comités existants ;
- Adoption par chaque sous-région d’un programme d’intégration monétaire formel.
Etape II (période 2004 2008)
- Harmonisation et coordination des politiques monétaires et macro-économiques ainsi que des concepts ;
- Interconnexion graduelle des systèmes de paiement et de compensation ;
- Promotion des réseaux bancaires africains ;
- Promotion des bourses des valeurs sous-régionales et régionales ;
- Renforcement et harmonisation de la surveillance bancaire et financière ;
Etape III (période 2009 2012)
- Respect, aux environs de l’an 2012, des indicateurs macro-économiques suivants :
- Ratio Déficit budgétaire / PIB < 3 % ;
- Elimination du crédit de la Banque Centrale à l’Etat ;
- Taux d’inflation < 5 % ;
- Ratio Réserves extérieures / Importations > 6 mois.
Etape IV (période 2013 2015)
- Evaluation de la performance macro-économique et négociation pour la création d’une Banque Centrale Commune (l’an 2015). A cette étape, les Etats devraient être invités à consolider les acquis de la troisième étape.
Etape V (période 2016 2020)
- Finalisation des dispositions nécessaires pour le lancement de l’union monétaire (2016 2020). C’est l’étape finale qui devrait précéder le démarrage de la mise en oeuvre de la Banque Centrale Africaine.
Etape VI (année 2021)
- Introduction et mise en circulation de la nouvelle monnaie (2021) ;
- Une période transitoire pendant laquelle les institutions sous-régionales puissent s’arrimer définitivement à la nouvelle donne.
La logique économique et financière de la planète veut que la valeur d’une monnaie dépende de nombreux facteur sur le marché des changes. Sa spéculation est calquée sur les tendances boursières mais est fortement adossée à une surveillance serrée des banques centrales et des États émetteurs de la devise concernée. Les économistes et autres experts en finance sont alors chargés, du haut de leur compétence, de fixer es balises de ces monnaies à partir des atouts des pays qui en dépendent. Il s’agit généralement de l’état de la politique ou de l’économie choisis comme paramètres de base. Ces références permettent une analyse raffinée utile aux investisseurs, entreprises, consommateurs, voire banques centrales et États. Aujourd’hui, la valeur de la majorité des monnaies dites fortes dépend des transactions boursières et bancaires sur les grandes places de marchés à travers le monde.
Pourquoi croire en une monnaie unique ?
Il faudrait maintenant savoir si l’Afrique a réellement les moyens de ses ambitions et si sa nouvelle monnaie représentera une alternative crédible aux valeurs ayant cours sur le continent. La future Banque centrale africaine devra pouvoir de protéger de la variation des changes en contrôlant les opérations de change et fixer les limites à la fluctuation de cette monnaie face à l’Euro ou au Dollar américain pour, par exemple, soutenir ses exportations. Pour bénéficier de cette prérogative de manière crédible, la fixation des taux d’intérêt devront être attractifs et rémunérateurs pour les investisseurs afin de soutenir la monnaie africaine. Il faudra aussi s’assure que la confiance accordée au continent soit assez élevée sur le plan des richesses, de la croissance et de son développement, de même que sa dimension stratégique. L’Afrique dispose largement de ces atouts et la démarche en cours vise spécifiquement à rationaliser toute cette dynamique mais comme l’ont déjà indiqué des analystes du Fonds monétaire international, «face à l’absence de discipline budgétaire et de politique macroéconomique stable dans la plupart des pays, il est essentiel de mettre à profit l’objectif d’union monétaire pour inciter les pays à une plus grande discipline et à une meilleure gouvernance.»