Dans son rapport intitulé Ouvrir les villes africaines au monde, rendu public en février 2017, la Banque mondiale soutient que pour que l’essor démographique des villes africaine observée depuis quelques années serve la croissance des pays africains, il va falloir investir dans l’amélioration de la vie de leurs habitants et de leurs entreprises.

Évaluée aujourd’hui à environ un milliard d’habitants, la population africaine pourrait doubler en 2050. S’agissant des villes, en particulier, elles abriteront, selon les projections de la Banque mondiale, 187 millions d’habitants supplémentaires, handicapés cependant par des revenus relativement faibles.

Un mode de croissance qui entrave le développement

Sur la base de ce constat, le problème se pose alors de savoir si cet essor démographique des cités africaines peut servir au développement des pays. La Banque mondiale tente d’y répondre en procédant d’abord à un diagnostic des problèmes auxquels ces villes font face. Elle constate alors que, pour l’essentiel, ces problèmes sont le résultat de « l’insuffisance des investissements dans les infrastructures urbaines et autres structures industrielles et commerciales, et dans une offre appropriée de logements abordables ». Elle en déduit que, « parce qu’elles sont mal desservies, les villes africaines sont parmi les plus chères du monde, tant pour les ménages que pour les entreprises ».

Certaines données relatives au coût de la vie présentées dans le rapport sont à cet égard édifiantes. En effet, les cités du continent sont 29 % plus chères que celles des pays à niveau de revenus similaire. Cette cherté de la vie est surtout due aux dépenses de logement, supérieures de 55 % à celles observées dans d’autres régions, des produits alimentaires, 35 % plus chères que dans celles d’autres pays à revenu faible ou intermédiaire ailleurs dans le monde, et les biens et services qui coûtent entre 20 et 31 % plus cher aux ménages urbains africains, par rapport aux autres pays en développement à niveau de revenus similaire. A cela s’ajoutent des coûts de transport quotidiens.

En matière d’urbanisme, l’on observe que les villes africaines ne sont pas suffisamment planifiées et connaissent une expansion continue des implantations sauvages.

Pour la Banque mondiale, « le niveau plus élevé du coût de la vie a aussi un impact sur les entreprises, puisqu’il les oblige à verser des salaires plus élevés, ce qui nuit à leur productivité et leur compétitivité, et leur ferme les portes de l’exportation ».

En conséquence, souligne le rapport, « les villes africaines n’attirent guère les investisseurs régionaux ou mondiaux et les partenaires commerciaux potentiels

Villes potentiel moteur de la croissance des pays

La Banque mondiale suggère que les villes africaines peuvent aider au développement des pays. Tout en soulignant les problèmes auxquels elles font face, son rapport relève qu’en raison de l’essor démographique, « les villes africaines sont vouées à jouer un rôle capital dans la croissance de leurs pays ». Pour ce faire, soutient l’institution de Brettons Woods, il est indispensable d’améliorer la vie des citadins et des entreprises en investissant vigoureusement dans les infrastructures et en réformant les marchés fonciers, afin d’accélérer la croissance économique, créer des emplois et améliorer la compétitivité des villes.

Pour les auteurs du rapport Ouvrir les villes africaines au monde, « avec des investissements coordonnés dans les infrastructures et les structures résidentielles et commerciales, les villes africaines seront en mesure d’accroître les économies d’agglomération et de rapprocher les habitants des emplois »

La Banque mondiale considère que les gains considérables d’efficacité et de productivité générés par ces économies pourraient permettre aux agglomérations d’Afrique de « jouer un rôle de catalyseur déterminant pour le développement économique des pays ».

Développer une activité exportatrice compétitive

Il faut donc libérer les villes africaines de la « trappe de sous-développement » en faisant en sorte qu’« elles grandissent en se densifiant économiquement et physiquement, avec le souci de les connecter pour accroître leur efficacité et, à la clé, des perspectives de rentabilité plus élevées pour les investisseurs ».

Au final donc, pour le rapport de la Banque mondiale, en s’ouvrant au monde, les villes africaines vont développer une activité exportatrice compétitive sur les marchés internationaux pour offrir un environnement propice aux affaires, permettant ainsi l’émergence économique des pays.

Marc OMBOUI

 

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