Avec les réserves du Nigeria sur une ratification de cette entente cette semaine, « l’Afrique réunie » se trouve de nouveau confrontée à des questions de principe et de leadership. Abuja, qui n’a certainement pas reculé pour des questions de fond, est soupçonné de réclamer une place de choix dans les orientations de ce projet.

Officiellement, on clame que le président Mohammed Buhari a toujours émis des réserves par rapport à un processus qui représenterait un danger pour l’économie de son pays. En appui de cette posture, les peurs de plusieurs opérateurs et du secteur privé nigérian dans son ensemble.

Représentant déjà un vaste marché de consommateurs avec près de 200 millions d’habitants, le Nigeria a un espace permettant de faire tourner le commerce en interne et surtout bâtir un solide socle d’opérateurs locaux. Depuis son arrivée au pouvoir, cet ancien haut gradé de l’armée nigériane n’a pas seulement envie de protéger son pays, mais veut également lui donner une stature due à son rang. Plusieurs indiscrétions semblent émettre l’hypothèse selon laquelle les sherpas sont accusés de n’avoir pas pris la véritable mesure du contrat pour lequel ils engageaient le Nigeria.

De quoi Abuja a donc peur ?

Principal négociateur, Chiedu Osakwe, fin connaisseur des arcanes du commerce mondial, avait pourtant offert aux autorités fédérales nigérianes les garanties nécessaires qui permettraient d’en tirer le meilleur des bénéfices. Or, la reculade des derniers jours semble totalement incompréhensible sur le strict plan des conventions établies, d’autant plus que le Conseil exécutif fédéral du Nigeria, composé de ministres fédéraux, avait donné quitus au président Buhari pour ratifier l’accord. Mais il faut savoir que le Nigeria est coutumier du fait car il s’était déjà opposé, cette fois au niveau régional, à l’entrée du Maroc au sein de la CDEAO.

Le refus de se présenter à Kigali pour cette Assemblée générale extraordinaire de l’Union africaine (UA), semble donner du poids aux analystes qui prétendent que le géant ouest-africain est sans cesse en posture d’évaluation de sa puissance politique et de son poids économique. Ce qui voile à peine la ferme intention d’être maître du jeu dans tout ce qui concernera les mutations africaines sur le plan économique, en route vers une émergence définitive.

Toutefois, il y a de l’espoir puisque le commissaire de l’Union africaine chargé du Commerce et de l’Industrie, Albert Muchanga, a laissé filtrer un rayon de lumière en déclarant : « Certains pays ont des réserves et n’ont pas finalisé leurs consultations à l’échelle nationale. Mais nous aurons un autre sommet en Mauritanie au mois de juillet et nous espérons que ces pays signeront l’accord ».
Une Zone de libre-échange africaine sans le Nigeria ? On veut à peine y croire.

Léopold Nséké

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