« Les pays africains ont accumulé des dettes, alors même que leurs capacités à les rembourser se sont rétrécies », indiquaient déjà les agents de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) en 2016. Cette dernière estimait que si leurs ratios d’endettement extérieur semblent gérables, les États africains devaient néanmoins prendre des mesures pour éviter que l’accroissement rapide de la dette n’aboutisse à une crise comparable à celle de la fin des années 1980 et des années 1990.

Selon les derniers chiffres de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, la dette totale du continent est passée de 27,8 % du PIB en 2015 à 31,1 % en 2016, et devait atteindre 32,4 % en 2017. Quant à son  montant   net, il a  augmenté substantiellement,  passant  de  6,4  %  du  PIB  en  2015  à  11%  en  2016,  en  partie  à  cause  de  la  baisse  des   réserves   internationales   (de   33,2%   à   28,7%),   principalement  en  Afrique  du  Nord  et  dans  les  pays  exportateurs de pétrole.

Une préoccupation pour sa  viabilité à long terme, selon les experts de la Banque mondiale car, compte tenu des effets de la crise du prix des matières premières et des incertitudes sociopolitiques sur le continent, les États ont un immense défi à relever. Il leur faut absolument trouver des pistes pour redresser à très moyen terme des chiffres tout de même inquiétants. Parce que, si « l’emprunt peut faire beaucoup pour améliorer les conditions de vie des Africains, il faut œuvrer pour le présent sans compromettre l’avenir, parce que la dette est dangereuse lorsqu’elle devient insoutenable», avait également déclaré Mukhisa Kituyi, Secrétaire général de la CNUCED.

Une route vers l’émergence parsemée d’embûches

Même si on peut se rassurer en disant que globalement, cette dette publique est inférieure à celle des pays européens par exemple, il n’en demeure pas moins que son financement pèse sur les budgets. L’effet de l’annulation décrétée par plusieurs créanciers aura peut-être soulagé un temps, mais l’Afrique reste tributaire d’emprunts de plus en plus lourds. En marche vers une certaine émergence, il y va d’une forme d’urgence à assainir non seulement les fonds publics mais à pérenniser les projets d’avenir.

Bien sûr, plusieurs pays africains ont commencé à réduire leur dépendance à l’égard de l’aide publique au développement. Ce qui a pour but, selon des experts, « de réaliser les objectifs de développement durable en faisant appel à des sources de financement nouvelles et innovantes. »

La tentation des marchés obligataires

À cet effet, aucune voie n’est aujourd’hui négligée, de la contribution des fonds de transfert et l’épargne des diasporas pour financement de l’action publique et du développement à un contrôle plus strict des flux financiers illicites. Ces derniers pouvant atteindre les 50 milliards $US par an, on imagine facilement les montants qui échappent aux États.

Parmi les autres mentions à relever dans les manœuvres des États, il y  le rôle de plus en plus important des partenariats public-privé dans le financement des projets de développement et, depuis une dizaine d’années, une percée sur les marchés internationaux des capitaux. Au mois de décembre 2017, les bonds libellés en dollars US émis par les pays africains affichaient des rendements de 6% fixés par l’indice d’obligations souveraines en Afrique de Standard Bank. Une tendance encourageante quand on connait la méfiance des investisseurs pour le continent chaque fois qu’il est question de gros engagements. Qu’à cela ne tienne, plusieurs pays ont emboîté le pas à l’Afrique du sud, pionnière en la matière.

Au-delà des différentes solutions, le point central reste la discipline budgétaire à inculquer de manière durable chez les dirigeants africains. Ce qui n’est pas forcément gagné étant donné les impondérables récurrents sur le continent. Moins de rhétorique et plus d’action, serait-on tenté de dire.

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