La zone de libre-échange continentale se pose comme un défi pour les opérateurs africains de conquérir les nouveaux débouchés qu’elle génère.

« Le commerce intra-africain est particulièrement bénéfique, puisqu’il comprend une part importante de produits à valeur ajoutée et de produits industriels comme les produits agricoles transformés, les produits manufacturés de base et les services financiers et de détail. Il diffère également des échanges que l’Afrique entretient avec le reste du monde, lesquels sont principalement basés sur les cultures de rente, les produits minéraux, les métaux et le pétrole ». C’est un extrait de la déclaration conjointe du président nigérien, Mahamadou Issoufou, et de Vera Songwe, secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), à la suite de la signature de l’accord de la Zone de libre échange continentale (ZLEC), le 21 mars 2018 à Kigali au Rwanda.

Cette déclaration met les entreprises africaines au centre du jeu économique au regard des exigences que charrie la demande du marché unique de 1,2 milliard d’individus que compte l’Afrique. En effet, c’est bien à elles qu’il revient de transformer les promesses de la ZLEC qui se révèle une incroyable opportunité pour les opérateurs privés d’accélérer le développement de leurs entreprises, de conquérir de nouveaux espaces et de créer de nouvelles routes du développement en Afrique.

Les experts pensent que l’Afrique ne pourra jamais tout produire, mais les économies africaines doivent relever le challenge de leur diversification et de leur industrialisation. Les analyses statistiques de la CEA montrent que les « pays africains échangent entre eux davantage de produits transformés et à valeur ajoutée, contrairement à leurs exportations vers le reste du monde, qui sont principalement composées de produits de base à l’état brut. Par exemple, en 2014, les produits manufacturés représentaient 41,9% des exportations intra-africaines alors que dans le cas des exportations hors du continent ils ne représentaient que 14,8%. » Mahamadou Issoufou, qui a conduit le projet de la ZLEC,  pense à juste titre que : « Pour être forts à l’étranger, nous devons d’abord être forts chez nous ».

Ainsi, pour porter le PIB de l’Afrique des 2 500 milliards de dollars actuels à 29 000 milliards de dollars d’ici à 2050, comme le pronostiquent Mahamadou Issoufou et Vera Songwe, les entreprises africaines vont devoir accroître la part des produits à valeur ajoutée dans leurs exportations à l’intérieur du continent. Bien avant la signature de l’accord de libre-échange continentale, les entreprises marocaines s’étaient lancées sur les marchés sous-régions et nationaux du continent. Alexandra Mouaddine de Business partner rh, h&f associates, prodiguait des conseils aux entreprises de son pays tentées par l’internationalisation. «  Les premiers pas à l’étranger se font souvent par opportunisme. Bien souvent, il a lieu dans des pays géographiquement et culturellement proches du Maroc. Les destinations privilégiées sont ainsi les pays avec qui nous partageons une langue commune, ceux d’Afrique francophone et d’Afrique du Nord (jusqu’au Moyen-Orient), avec qui il est facile de communiquer. La stratégie d’exportation vers les pays du Sud, pour être pérenne, doit aussi s’appuyer impérativement sur un minimum de connaissance des marchés visés », déclarait-il.

En effet, une entreprise spécialisée dans la semoule de manioc, appelée attiéké en Côte d’Ivoire, dakéré au Cameroun ou gari au Ghana, au Togo, au Bénin et au Nigeria, sera attirée par l’Afrique de l’Ouest, de l’Est et du Centre, où elle trouvera les mêmes référents gastronomiques. Le facteur culturel n’est pas négligeable. Il y a donc un temps d’apprentissage ou d’adaptation à observer, qui n’a pas échappé à l’initiative AfroChampions. Le 21 mars, le jour de la signature de la ZLEC, a été annoncée la signature d’un accord entre cet organisme de promotion des entreprises championnes africaines et l’Union africaine pour la sensibilisation autour de la zone de libre-échange.

Jusqu’ici, la plupart des entreprises africaines avaient un horizon, au mieux, sous-régional en termes de marché. Les PME, qui constituent l’essentiel du tissu économique, étaient inscrites dans une logique de satisfaction d’une demande domestique, peu armées à affronter les contraintes de l’exportation, y compris à l’intérieur de l’Afrique. L’émergence, chaque année plus importante, d’une classe moyenne va contraindre les PME africaines à voir grand, mais aussi à une démarche qualitative pour s’arrimer aux standards internationaux.

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