65 milliards $US. C’est le montant des fonds, selon un rapport de l’African Institute for Remittances (AIR), que les diasporas africaines auraient envoyé aux résidents de leurs pays d’origine en 2017. Un montant largement au-dessus de l’aide publique au développement que les pays avancés accordent à l’Afrique, et qui met en exergue le rôle fondamental de la diaspora africaine dans le développement du continent. Même si, comme le relève la revue Érudit, « dans l’analyse du processus de développement, la variable migration a un caractère paradoxal ».

Depuis les indépendances en effet, les pays africains connaissent à des degrés divers l’émigration de leurs ressortissants vers l’Europe et l’Amérique du Nord. Pendant la décennie 1960-1970, l’émigration des ressortissants africains était surtout perçue comme nuisible au développement de l’Afrique. Mais plus tard, cette perception va évoluer pour faire place à une considération nouvelle, positive : les émigrants sont de plus en plus perçus comme pouvant aussi représenter potentiellement des diasporas susceptibles d’être mobilisées au profit de leur pays d’origine (Gaillard et Gaillard, 1998).

Des communautés désireuses de contribuer au développement

D’après la revue Érudit, « depuis les années 1980, la géographie a recours à la notion de diaspora pour nommer les communautés nationales migrantes en interaction entre elles et avec le pays d’origine ». Une définition qui, ramenée au niveau de l’Afrique, rejoint d’une certaine manière celle de l’Union africaine qui met l’accent sur la volonté de ces communautés de contribuer au développement du continent.

Le journal en ligne Connection Ivoire.Net soutient que 30 millions de personnes ont quitté l’Afrique pour aller chercher fortune ailleurs au début des années 2010. Ces statistiques, faut-il le souligner, sont sans cesse en évolution.

Il est vrai que, du fait de la fuite des cerveaux, l’Afrique perd ses meilleurs ingénieurs, techniciens, juristes, médecins, professeurs, chercheurs, scientifiques, artistes, écrivains, etc., qui quittent leurs pays pour l’Europe et l’Amérique du Nord. Mais essayons de nous focaliser sur l’aspect positif de ce phénomène.

Un lien fort avec le pays d’origine

Bien qu’ayant physiquement quitté le pays natal et le continent, la diaspora a maintenu un lien fort avec l’Afrique à travers divers mécanismes. De manière générale, les experts mettent en évidence trois grands secteurs dans lesquels s’opère l’interaction diaspora-pays d’origine: 1) le secteur du développement local; 2) le secteur des affaires ; 3) le secteur de la science et de la technologie. Ce qui fait que la diaspora se pose comme une importante pourvoyeuse de fonds. Selon la Banque mondiale, près de 120 millions d’Africains ont reçu 60 milliards $US en 2014. Des fonds qui, selon L’Agence d’information d’Afrique centrale (ADIAC), « financent la consommation à 54,60%, l’investissement immobilier 15,8%, d’autres investissements 5,5%, la santé 3,4%, l’éducation 6,4% et autres 8,7% ».

Comme mentionné plus haut, les experts notent que les sommes ainsi transférées sont supérieures à l’aide publique au développement qui, elle, s’élève à 56 milliards $US et aux investissements directs étrangers qui affichent le même montant au cours de la même période. Avec ces fonds, les Africains de la diaspora s’investissent dans le développement humain.  Ils servent à résoudre divers problèmes d’ordre social, notamment la santé, le logement, la scolarité, aidant ainsi à améliorer les conditions de vie des populations.

Une contribution remarquable au développement

Mais, pour nombre d’économistes, la diaspora peut encore faire mieux, en particulier sur le terrain du développement économique. Plusieurs secteurs peuvent ainsi bénéficier de ses financements. En tête de ceux-ci, figure l’industrie touristique. Autres secteurs ciblés, les projets d’infrastructure et de développement et la dynamisation de l’économie locale à travers les entreprises d’import-export, le transfert des connaissances et le rapprochement culturel. Pour les experts, les migrants sont des « jeteurs de passerelles » entre le pays d’accueil et le pays d’origine.

Toutefois, la plupart des spécialistes soutiennent qu’il y a encore une large marge de manœuvre, et que « si l’Afrique exploitait les moyens financiers et humains de sa diaspora, elle pourrait trouver ses propres solutions à ses problèmes de développement et compenser ainsi l’amenuisement des ressources de l’aide qu’elle reçoit des pays du Nord et du commerce avec eux ».

Intégrer la diaspora dans les stratégies de développement

Mais pour que l’apport de la diaspora puisse contribuer efficacement au développement de l’Afrique, il est urgent que des mesures soient prises pour permettre de capter leurs financements. Les gouvernements des pays africains doivent intégrer la diaspora dans leurs stratégies de développement. Les gouvernants africains doivent s’informer davantage sur les membres de leur diaspora et créer des liens plus solides avec eux afin de mettre en place des politiques plus cohérentes pour susciter leur intérêt.

Un comptoir de facilitation administrative pourrait, par exemple, être créé dans chaque pays afin d’inciter la diaspora à investir dans les pays d’origine. L’Éthiopie et le Rwanda, notamment, l’ont bien compris et ont mis en place des politiques officielles relatives à la diaspora. Ils ont instauré la double nationalité pour leurs concitoyens de la diaspora et soutiennent leurs réseaux dans le monde pour nouer des liens forts avec leurs citoyens nés à l’étranger.

Des plateformes de communication sont par ailleurs mises en place pour informer sur les possibilités d’investissement, les projets de développement, les politiques du gouvernement les concernant et des services de soutien existants. C’est donc une dynamique appelée à évoluer.

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here