Les militants de la cause africaine ont longtemps mis en cause l’arbitraire et le diktat des grandes puissances pour justifier un certain recul du continent. Des décennies plus tard, la résolution de plusieurs crises politiques a lentement fait la place à un certain apaisement social. Ce qui a permis à l’émergence d’une classe de gens d’affaires et de politiciens soucieux de l’avancement de leurs pays. Face à un appétit de nouveau grandissant pour l’Afrique, il y a désormais une excellente marge de négociation pour faire valoir des intérêts bien plus importants que ceux d’une simple survie des populations.

Comme socle à cette envolée, il y a d’abord ces ressources naturelles nécessaires à l’industrie lourde ou légère mondiale et essentielles aux nouvelles technologies. Ensuite, il y a le fameux dividende démographique dont le potentiel ne demande qu’à être exploité. La population en âge de travailler grossit plus vite en Afrique qu’ailleurs dans le monde et elle doit être bien instruite, formée et intégrée à la nouvelle économie.

Le nécessaire bond en avant

Selon le dernier rapport Perspectives économiques de l’Afrique pour 2018 de la Banque africaine de développement (BAD), les 54 économies du continent ont affiché en moyenne une croissance de 2,2% en 2016 et de 3,6% en 2017. Pour 2018, la BAD prévoit une poussée à 4,1%. Pour soutenir cette croissance, il faudra mobiliser des ressources afin de continuer à investir dans les infrastructures et ce qui est communément appelé le capital humain. De plus, une hausse importante du commerce intra-africain s’impose parce que les emprunts nécessaires à toute cette mise en marche se font globalement sur les marchés internationaux. Une option qui fragilise quelque peu les États et les oblige à trouver des alternatives intéressantes. Aujourd’hui, entre autres solutions, certains pays africains ont de plus en plus recours à l’épargne interne pour financer leurs projets de développement, notamment à travers l’emprunt obligataire. La question du commerce intra-africain doit être prise au sérieux et, comme les experts de l’Organisation mondiale du commerce l’indiquaient il y a quelques mois, « intensifier le commerce intra-africain est le moyen le plus efficace pour que le commerce favorise le développement du continent africain. Une intégration commerciale accrue est la voie la plus sûre d’accélérer la transformation économique de l’Afrique (…) en contribuant à l’industrialisation et à la transformation structurelle. Or, le commerce intra-africain ne représente actuellement que 13% du commerce total du continent, ce qui est très faible.»

En variant les sources de revenus et en maîtrisant le calendrier des projets de manière optimale, l’Afrique pourra s’attirer encore plus de respect et prétendre jouer définitivement dans la cour des grands. Ainsi, l’émergence, que plusieurs pays veulent atteindre dans un horizon plus ou moins lointain, doit être plus qu’un cap, mais une étape sur le chemin d’un développement pérenne et durable. Maîtriser ce planning passe aussi par l’obligation de choisir ses partenaires économiques et augmenter sensiblement les parts de profits à travers les intérêts négociés sur les marchés du secteur primaire.

Établir des partenariats ‘’gagnant-gagnant’’ réclame la constitution de classes politiques fortes, incorruptibles et visionnaires. La nouvelle génération d’hommes et de femmes politiques a cet avantage de ne pas être assujettie aux impairs idéologiques issus des indépendances. Elle est plus dynamisée par un tout autre contexte international auquel la greffe ne dépend plus beaucoup des antécédents historiques. Les chasses gardées sont en voie d’extinction définitive et en y contribuant radicalement, ce sera l’occasion de s’assurer de progrès véritables sur le chemin d’un avancement réel. L’Afrique a donc pratiquement son destin entre les mains, résolument.

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