Qualifiée par certains économistes de « nouvelle frontière des investisseurs », l’Afrique devrait, selon le cabinet Amadeus, « brasser au total jusqu’à 144 milliards d’IDE à horizon 2020 et attirer un maximum d’investissements, à la recherche de nouveaux marchés ».

Dans la même foulée, le cabinet Roland Berger, indique que « si les tendances actuelles se confirment, le rôle joué par l’Afrique dans l’économie mondiale ira croissant ». Il relève que les investissements étrangers réalisés en Afrique sont plus rentables que dans toute autre région en développement, et en déduit que les chefs d’entreprises et les investisseurs, pour tirer profit de l’immense potentiel de ce continent, doivent l‘intégrer à leurs plans stratégiques à long terme.

Le Maroc en tête de file

 Un coup d’œil dans cette « mare aux affaires » permet de relever que tous les pays n’attirent pas les investisseurs de la même manière. Par ailleurs, parmi les secteurs les plus en vue, l’exploitation des ressources naturelles tient encore le haut du pavé, même si, il est vrai, une certaine diversification commence à se manifester.

Le dernier classement Africa Investment Index 2018 (AII) de Quantum Global Research Lab situe le Maroc comme leader en Afrique avec près de 2,57 milliards $ d’IDE en 2017. Le pays, aux dires du Pr Mthuli Ncube, directeur général du Quantum Global Research Lab, « a attiré des flux de capitaux étrangers avec régularité, en particulier dans les secteurs de la banque, du tourisme et de l’énergie et grâce au développement de son industrie ».

Le Maroc est par ailleurs reconnu comme étant l’un des meilleurs marchés émergents pour l’investissement à l’étranger. Les investisseurs internationaux se tournent vers un large éventail de secteurs, notamment l’énergie, les infrastructures, le tourisme et les TIC, entre autres.

D’une manière générale, le classement AII 2018 des 10 pays qui attirent le plus les investissements s’établit dans l’ordre suivant : Maroc, Égypte, Algérie, Botswana, Côte d’Ivoire, Afrique du Sud, Éthiopie, Zambie, le Kenya et le Sénégal.

Par contre, si on s’en tient à un rapport du cabinet Roland Berger, « le Nigéria, l’Éthiopie, la Tanzanie, le Mozambique, le Kenya, l’Angola, la Côte d’Ivoire et l’Égypte sont les huit pays africains prioritaires pour les investisseurs au cours des 30 prochaines années ». Le cabinet fonde sa sélection sur deux critères : la croissance de la population, d’une part, et les investissements en infrastructures, d’autre part. En effet, relève l’étude, « les 8 pays sélectionnés concentrent : 48% de la croissance totale de la population entre 2010 et 2035 ; 50% (USD 105 Md) des investissements prévus sur le continent pour l’infrastructure publique de base (routes, électricité, accès à l’eau et télécommunications) ».

Les ressources naturelles, cible principale

Pour sa part, le Think Tank de l’Institut Amadeus procède à une analyse région par région pour déterminer les pays et les secteurs qui bénéficient le plus des faveurs des investisseurs.

Il en ressort, s’agissant de l’Afrique de l’Ouest, que du fait des importantes ressources naturelles du Nigéria, du Niger et du Ghana et de la diversification des projets dans les secteurs de l’énergie, de la manufacture et de l’information et de la communication, notamment au Nigéria, l’Afrique de l’Ouest devrait enregistrer une hausse spectaculaire des flux d’IDE entrants. Ceux-ci devraient passer de près de 18,15 milliards de dollars en 2013 à environ 65,69 milliards de dollars en 2020.

Pour sa part, la Guinée devrait bénéficier d’un investissement à hauteur de 6 milliards de dollars de l’entreprise publique China Power Investment Corporation dans des projets de bauxite et d’aluminium.

 En Afrique centrale le Think Tank table sur des investissements qui pourraient atteindre 28,21 milliards de dollars en 2020, soit 3 fois plus que les 8,2 milliards reçus en 2012 et un taux de croissance des IDE de 194% sur 7 ans. Les investisseurs sont attirés en RD Congo, au Congo et en Guinée Équatoriale par les réserves de pétrole et de gaz naturel.

Comme en Afrique centrale, les investisseurs ciblent prioritairement les ressources naturelles en Afrique de l’Est. L’étude montre que la Tanzanie, l’Ouganda et le Kenya devraient ainsi bénéficier des investissements à hauteur de 18,5 milliards de dollars à horizon 2020.

Le Kenya, qui bénéficie de l’augmentation du pouvoir d’achat des ménages et de l’amélioration des infrastructures, pourrait, quant à lui, attirer de nouveaux investissements dans les secteurs de la banque et des télécommunications déjà en plein essor dans ce pays.

L’Afrique du Nord, selon l’Institut Amadeus, est la région la plus dynamique et attractive d’Afrique, avec des investissements dans les secteurs des télécommunications et de la construction automobile. Selon les prévisions, les flux d’IDE devraient atteindre près de 17,38 milliards de dollars en 2020. Au Maroc, Orange France a racheté 40% de Meditel. Après Renault qui a investi 1 milliard de dollars dans ce pays, les constructeurs automobiles indien Tata Motors et Nissan veulent à leur tour y investir.

En Afrique Australe, les cibles principales sont le secteur pétrolier en Angola et au Mozambique, et l’énergie en Afrique du Sud. En Angola, Exxon Mobil investit 2,5 milliards de dollars dans une installation d’extraction de pétrole. En Afrique du Sud, d’importants investissements sont consentis dans la production de l’énergie grâce à la libéralisation de ce secteur, ainsi que dans le commerce de détail et les BTP.

Marc OMBOUI

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