L’Inde et Afrique représentent à elles seules un tiers de la population mondiale. En 2025, l’Inde comptera 1,396 milliard d’habitants. Quant à l’Afrique, sa population estimée aujourd’hui à 1,25 milliard doublera à l’horizon 2050 pour atteindre 2,5 milliards d’habitants.
L’Afrique est donc le deuxième continent le plus peuplé après l’Asie. Il y a donc un intérêt à créer les conditions d’un réel et fructueux partenariat. Car, de part et d’autre, les enjeux sont multiples : énergétiques, urbains, climatiques, sanitaires, sécuritaires, technologiques…
La diplomatie active de New Delhi
Le 21 mars 2018, l’Afrique avait les yeux rivés sur Kigali. Quarante-quatre pays africains signaient un accord créant une zone de libre-échange continentale (ZLEC), perçue comme essentielle au développement économique de l’Afrique.
Le 25 mars, c’était au tour du ministre indien du Commerce et de l’Industrie, Suresh Prabhu, de plaider, lors du XIIIe conclave sur le Partenariat Inde-Afrique, pour la signature d’un accord de libre-échange entre son pays et l’Afrique, accord qui doit : « renforcer les échanges commerciaux bilatéraux qui demeurent en deçà de leur potentiel. » Le ministre n’a pas manqué de rappeler que ces échanges seraient « bénéfiques » aux signataires de l’accord sur la création de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLEC), ratifié le 21 mars dernier à Kigali.
Fin mars, le gouvernement indien validait un projet qui prévoit l’ouverture d’ici 3 ans (2021) de 18 nouvelles ambassades en Afrique. D’après un communiqué du gouvernement indien repris par le quotidien anglophone local The Times of India, les 18 pays concernés par cette décision sont répartis un peu partout sur le continent à travers ses régions économiques diverses. « L’ouverture de nouvelles ambassades permettra de renforcer la coopération économique entre l’Inde et l’Afrique et de consolider les liens avec la diaspora indienne établie dans les pays africains », a souligné le gouvernement indien dans son communiqué.
À l’horizon 2021, l’Inde passera donc de ses 29 missions diplomatiques actuelles à 47 missions diplomatiques en Afrique, soit une mission de moins que la Chine (48), son éternelle concurrente, et trois de moins que les Etats-Unis (50).
D’après le rapport Afrique-Inde : Faits et chiffres 2015, publié conjointement par la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et la Confédération des industries indiennes (CII), pour la période 2010/2015 ; les exportations de l’Inde vers l’Afrique ont augmenté de 93% et les importations de 28%.
Les investissements indiens en Afrique sont multiples (pharmaceutiques, mines, textiles, sidérurgie, etc.) et ne cessent d’augmenter. La marque Airtel, connue pour ses téléphones portables à bas coût dans plusieurs pays d’Afrique, est une multinationale de télécommunications basée à New Delhi. Elle domine le marché dans 18 pays africains depuis son arrivée en 2010. Avec plus de 76 millions d’abonnés et 5 000 employés en mars 2015, Airtel est désormais le deuxième opérateur de téléphonie mobile en Afrique.
Inde et Afrique, un défi commun : l’énergie
En s’invitant en Afrique, l’Inde espère surtout relever son défi énergétique. Avec une population qui dépasse le milliard d’habitants, le pays est désormais le troisième consommateur d’énergie au monde, même si près de 19% de la population indienne, soit environ 240 millions de personnes, n’avait toujours pas d’accès basique à l’électricité selon l’AIE en 2013.
Tandis qu’en Afrique, malgré les importantes ressources énergétiques, les problèmes d’accès à l’électricité touchent entre 580 et 650 millions de personnes, soit environ 70% de la population.
Est-ce un hasard si les trois premiers pays consommateurs d’énergie dans le monde sont également les trois pays qui possèderont le réseau diplomatique le plus important en Afrique ?