Avec seulement 17% des parts, le commerce intra-africain constitue, selon plusieurs analystes, une des principales priorités pour les dirigeants du continent. Hausser le niveau des échanges commerciaux entre les États apparait en effet comme un des moyens d’impulser le développement de l’Afrique. Mais le problème se pose de savoir comment y arriver.

Les échanges commerciaux entre pays africains se caractérisent par leur faiblesse :  en moyenne 17% seulement, avec des variantes régionales. En Afrique centrale, par exemple, le commerce entre les Etats de la sous-région atteint à peine 3%. A l’observation, les économies de la plupart des pays sont de type outward looking, c’est-à-dire tournées vers l’extérieur.

Des exportations peu diversifiées

 En plus d’être faible voire marginal, le commerce intra-africain est dominé par un nombre restreint de pays qui vendent un nombre limité de produits. D’après une étude de la Banque mondiale conduite par Alexander Yeats et intitulée « Que peut-on attendre des accords commerciaux régionaux ? », « en Afrique subsaharienne (à l’exclusion de l’Afrique du Sud), environ trois quarts des exportations intra-africaines proviennent de cinq pays (Côte d’Ivoire, Ghana, Kenya, Nigéria et Zimbabwe) ».

Ces exportations sont constituées essentiellement de produits primaires. Le pétrole représente à lui seul plus de 30 % de ces échanges, et le coton, le bétail sur pied, le maïs et le cacao 18 %. Pour ce qui est des produits industriels, ils ne comptent que pour 15 % de ces échanges.  Autrement dit, les pays africains entretiennent l’essentiel de leurs échanges commerciaux avec les pays d’Europe, d’Amérique du Nord et d’Asie.

Faiblesse du tissu industriel et manque de connectivité

Plusieurs raisons justifient cette situation : à quelques exceptions près, à cause de la faiblesse du tissu industriel, tous les pays exportent les matières premières issues de leur sol et de leur sous-sol pour importer les produits industriels.

Par ailleurs, certains obstacles résultent du manque de connectivité sur le continent. Les experts entendent par ceci la connectivité physique, qui porte sur les infrastructures et qui affiche des lacunes très importantes. Mais aussi les coûts non tarifaires et tarifaires qui influent sur la manière dont les pays africains peuvent assurer une liaison les uns avec les autres.

Or, ainsi que l’a indiqué le directeur de la Division économique du renforcement de capacités de la CEA (Communauté économique des Nations Unies pour l’Afrique), Stephen Karingi, lors de l’édition 2017 de l’examen global de l’aide au commerce, tenue à Genève en Suisse, le commerce contribue à l’industrialisation et à la transformation structurelle. Il en déduit qu’« intensifier le commerce intra-africain est le moyen le plus efficace pour que le commerce favorise le développement du continent africain ».

La solution est dans la diversification de la production

La création des unions économiques et des zones monétaires a été présentée comme un des moyens d’aboutir à l’intégration régionale et donc de favoriser les échanges commerciaux. C’est la raison d’être du traité d’Abuja auquel ont adhéré les membres de ce qui était à l’époque l’Organisation de l’unité africaine.

A l’heure actuelle, les accords économiques régionaux « se caractérisent par des échanges restreints, dépendent des produits primaires et représentent un commerce limité entre pays africains », aux dires de William Amponsah, professeur associé de commerce international et de développement à l’Université d’État de Caroline du Nord (Etats-Unis). Ceci laisse croire que le processus d’intégration régionale et sous-régionale de l’Afrique, qui connait par ailleurs des limites, à lui seul, ne saurait permettre d’atteindre les résultats escomptés.

Par ailleurs, notent les experts, l’approche progressive définie dans l’accord d’Abuja, notamment la réduction de certains tarifs douaniers au niveau régional, n’a été que partiellement appliquée dans une ou deux régions. Elle a été en grande partie remplacée par la libéralisation généralisée des échanges que préconisent les programmes d’ajustement structurel financés par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI).

Les efforts doivent donc être concentrés sur la diversification de la production (basée sur les avantages comparatifs) elle-même tributaire de la mise en place d’un tissu industriel viable qui pourrait transformer les matières premières produites sur place. Ceci, ajouté aux efforts d’intégration régionale et sous-régionale, le recours à la monnaie unique, etc., pourrait permettre d’augmenter le volume des échanges commerciaux intra-africains et accélérer le développement économique du continent.

Marc OMBOUI

 

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