Le Cameroun est souvent présenté, à raison, comme un pays doté de grandes potentialités financières et économiques doublées d’un formidable réservoir de ressources humaines de qualité. Malheureusement, certains dysfonctionnements au sein de l’administration publique viennent parfois ternir ce portrait. Exigeant et fidèle à ses engagements, le président Paul Biya s’emploie, sans répit, à ramener de l’ordre dans les rangs.
Combien sont-ils qui figurent dans le fichier des personnels de la fonction publique camerounaise ? Au fil des années, cette interrogation n’a pas trouvé de réponse satisfaisante au ministère de la Fonction publique et de la réforme administrative. Sur instructions du Président de la République, le projet SIGIPES II (Système informatique de gestion intégré des personnels de l’État et de la solde) est lancé le 12 mars 2014 avec l’appui de l’Union Européenne. Cette plateforme, conçue pour gérer en exclusivité les personnels de l’État, a l’ambition de corriger les insuffisances des solutions qui l’ont précédée : Antilope (Application nationale de traitement informatique et logistique du personnel de l’État) et SIGIPES I limités à la gestion de la carrière, de la solde et des pensions des agents publics.
Qui n’a pas travaillé n’a pas droit au salaire
Selon Hancel Ako Takem, secrétaire permanent à la réforme administrative du ministère de la Fonction publique et de la réforme administrative (MINFOPRA), l’opérationnalisation du SIGIPES II a marqué des points dans le processus d’assainissement des fichiers des personnels de l’État. À l’issue des premiers tests de mise en œuvre en effet, 10 375 agents de l’État sont appelés à se faire identifier parce que placés en position de fonctionnaires fictifs, décédés ou ayant tout simplement déserté leurs postes de travail en continuant à percevoir le salaire.
À l’instar des applications antérieures, SIGIPES II ne règle pas définitivement le problème des fausses immatriculations qui conduisent à la distraction de fortes sommes d’argent du trésor public et la difficulté pour le Cameroun de se faire une idée exacte de l’effectif des personnels émargeant au budget de l’État. Soucieux de résoudre ce problème, le président Paul Biya, dans la circulaire du 20 juin 2017 relative à la préparation du budget 2018, instruit le gouvernement en ces termes : « …S’agissant des dépenses de personnel, il faudrait veiller au renforcement de l’assainissement de cette catégorie de dépenses, à travers la conduite de l’opération de « comptage physique » des personnels de l’État pour les actifs, de contrôle et de sécurisation des ayant-droits pour les pensionnés ; la révision des textes de la fonction publique, en vue de mieux sanctionner les abandons de poste et de bien définir les délais de prescription ».
Dans cet ordre, des équipes mixtes des ministères des Finances et de la Fonction publique et de la réforme administrative ont été déployées dans les dix régions du pays, depuis le 25 avril 2018. Elles supervisent les opérations de comptage auprès des établissements bancaires et des microfinances où les agents publics perçoivent leur solde. Cette autre opération consiste à procéder à l’identification des personnels de l’État au moment de la paie, sur présentation des documents justifiant de la présence effective au poste de travail.
Selon Cyrill Edou Alo’o, directeur général du budget au ministère des Finances, de 393 milliards de FCFA en 2006, les charges salariales de l’État se sont chiffrées à 945 milliards en 2017. De plus, au premier trimestre de 2018, 322 000 personnels émargent dans les caisses de l’État, contre 163 000 en 2006. Ce décalage impressionnant, il faut le noter, est d’autant plus préoccupant qu’il induit l’évasion d’importantes ressources budgétaires dans un environnement marqué par les détournements, le faux et l’usage de faux et la corruption. Des maux contre lesquels le président Paul Biya mène un combat acharné.
Protéger la morale publique
En effet, au cours du septennat en cours, des actions pertinentes sont prescrites et suivies de près au sommet de l’État pour extirper la gangrène des comportements déviants des gestionnaires de la fortune publique. Dans son discours de politique générale au 3e Congrès ordinaire du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), le 15 septembre 2011, Paul Biya soulignait fort opportunément : « …notre fonction publique doit se moderniser, elle doit tourner le dos à l’attentisme, à l’inertie, à l’immobilisme, pour devenir plus efficiente et se donner une éthique à la mesure des enjeux et résolument tournée vers la satisfaction de l’intérêt général ».
Ainsi, la direction est indiquée qui permettra de demander des comptes à tous ceux qui pourraient être tentés de fouler aux pieds les sacro-saints principes de la morale publique au Cameroun, sans discrimination aucune. Et Paul Biya de marteler une fois de plus : « …Sachez que ma détermination à combattre ce fléau (corruption) est totale et la lutte contre la corruption va se poursuivre en s’in-ten-si-fiant, sans complaisance, sans discrimination, indépendamment du statut social ou de l’appartenance politique des personnes incriminées. Personne ne pourra plus se considérer comme étant au-dessus des lois ».
En outre, au plan institutionnel, le président Paul Biya met en place nombre de structures chargées d’implémenter tout son engagement et sa détermination à lutter contre les détournements de deniers publics et la corruption. Au Contrôle supérieur de l’État viennent s’ajouter la Chambre des comptes de la Cour suprême qui juge de la régularité des comptes de l’administration publique et de ses démembrements ; le Tribunal criminel spécial (TCS) qui s’occupe des infractions liées au détournement des fonds publics et aux malversations financières ; l’Agence nationale d’investigation financière (ANIF) qui traque le phénomène de l’enrichissement illicite et du blanchiment d’argent ; la Commission nationale anti-corruption (CONAC) qui est passée de la phase pédagogique et de sensibilisation à la phase véritablement opérationnelle.
En janvier 2017, le président de la CONAC, Dieudonné Massi Gams, relève d’ailleurs dans son rapport que le Cameroun a perdu en 2015, du fait de la corruption, la rondelette somme de 171.843.239.983 (Cent soixante-onze milliards huit cent quarante-trois millions deux cent trente-neuf mille neuf cent quatre-vingt-trois) FCFA.
Maintenir le cap
Ce chiffre étourdissant donne certainement à comprendre que de hautes personnalités ayant occupé des positions de premier plan sur l’échelle administrative de l’État soient interpellées et placées sous mandat de dépôt. En effet, du fait de leur implication dans la distraction des fonds publics, deux anciens secrétaires généraux de la présidence de la république, des anciens ministres et directeurs généraux de sociétés d’État sont sous les verrous.
Au demeurant, le président Paul Biya est toujours constant et imperturbable dans ses stratégies de lutte contre la mauvaise gestion de la fortune publique et la corruption. L’opération « Epervier » qui démarre sous son impulsion en 2004, produit des effets palpables, mais le président camerounais est bel et bien conscient de l’immensité de la tâche : « La corruption, toujours elle, sans cesse renaissante et qui s’est étendue (…), nous continuerons à la traquer sans pitié », réaffirme-t-il. Face à l’hydre, la vigilance, la détermination et la fermeté doivent donc rester de mise.