Les pays africains sont aujourd’hui confrontés à l’épineux problème du chômage, en particulier chez les jeunes et les femmes qui rencontrent d’énormes difficultés à trouver un emploi et à gagner un revenu décent. Plus que les autres catégories de la population active, les femmes et les jeunes courent le risque de se retrouver au chômage ou, au mieux, d’occuper des emplois mal rémunérés dans le secteur informel, ceci malgré les efforts des États en vue d’y apporter des réponses. La démographie galopante contribue à amplifier ce phénomène, étant entendu que les jeunes et les femmes constituent un segment important sur le marché du travail.

Des statistiques préoccupantes

Comme la plupart des pays africains, le Cameroun est dans une situation d’urgence quant à la question de l’emploi des jeunes et des femmes. Selon l’Institut national de la statistique (INS), le Cameroun abriterait entre 4,5% et 5% de chômeurs pour une population d’environ 20 millions d’habitants, soit près d’un million de personnes qualifiées en quête d’un emploi. Dans les grandes métropoles telles que Yaoundé et Douala, le taux de chômage est estimé à 17% de la population active, et plus de 70% de ces personnes sont en situation de sous-emploi.

Le taux de chômage des jeunes au sens du BIT est quant à lui encore plus élevé (6,0%) que celui de l’ensemble de la population (3,8%). En milieu urbain, ce taux est plus élevé chez les personnes ayant suivi un cursus académique général que chez celles ayant opté pour l’enseignement technique ou professionnel tant chez les jeunes filles que chez les jeunes garçons.

Il est donc impératif de prendre des mesures concrètes pour que les jeunes puissent avoir de réelles perspectives professionnelles et mener une vie productive et gratifiante. Notre avis est que la solution au problème du chômage des jeunes et de femmes réside dans l’entrepreneuriat.

Promouvoir l’entrepreneuriat 

Il est largement reconnu que l’entrepreneuriat, qui est une opportunité pour les jeunes et les femmes de s’insérer dans la vie active, est un ingrédient nécessaire pour stimuler la création d’emplois et la croissance économique partout dans le monde. Cette option est de plus en plus prisée par les jeunes et les femmes au Cameroun et en Afrique pour échapper aux contraintes liées au marché de l’emploi. Nous sommes heureux de constater que, conscients que l’entrepreneuriat peut ouvrir des débouchés professionnels viables, et permettre aux jeunes porteurs de projets de participer à l’essor de l’économie du pays, les pouvoirs publics mettent en place au Cameroun comme dans la plupart des autres pays d’Afrique des politiques qui incitent les diplômés à devenir des créateurs et non plus seulement des chercheurs d’emploi.

Des fonds sont créés afin de soutenir les initiatives des jeunes dans le domaine de l’agriculture et de l’économie numérique. Le gouvernement camerounais a élaboré des stratégies pour accompagner les jeunes vers cette voie en mettant à la disposition des porteurs de projets les moyens et les financements nécessaires. L’annonce d’une enveloppe de 102 milliards de Francs CFA a ainsi été faite en 2016 par les autorités pour soutenir l’entreprenariat des jeunes.

Les TIC, facteur d’autonomisation des femmes et des jeunes en Afrique subsaharienne

S’il est un secteur susceptible de favoriser l’autonomisation des femmes et des jeunes en Afrique, c’est bien celui des technologies de l’information et de la communication (TIC). En effet, les progrès des TIC provoquent des bouleversements dans les secteurs économiques traditionnels et en font apparaître de nouveaux. Aucun secteur n’est épargné, qu’il s’agisse de l’agriculture, de l’industrie manufacturière, ou des services. Avec cette transformation, la maîtrise des outils numériques devient une condition sine qua non de l’emploi salarié et de la création d’entreprises.

L’apport des TIC dans l’autonomisation des femmes et des jeunes n’est plus à démontrer. Elles ouvrent la voie, non seulement à des emplois dans des secteurs professionnels traditionnels, mais aussi à des débouchés sur des marchés en pleine expansion comme l’externalisation des opérations ou le micro-travail.

Mais que faut-il faire pour permettre aux jeunes et aux femmes d’acquérir des compétences dans le domaine des TIC et de l’entrepreneuriat et de saisir les nouvelles opportunités professionnelles rendues possibles par les TIC ?

Il serait judicieux d’inciter nos entrepreneurs, nos collectivités et nos concitoyens à investir dans le numérique ; éduquer sans distinction nos jeunes garçons et filles à s’intéresser de manière constructive au numérique et à ses métiers ; former nos exclus du marché du travail tels que les chômeurs ou encore les travailleurs handicapés, en privilégiant leur reconversion dans le numérique ; améliorer les conditions de travail des femmes dans le numérique, qu’il s’agisse de métier, d’évolution de carrière, ou de rémunération.

C’est ce que nous avons entrepris de faire avec l’Institut Africain d’Informatique, branche du Cameroun. En effet, pour une meilleure insertion professionnelle et la promotion de l’auto-emploi, l’IAI-Cameroun a lancé des programmes sociaux mobilisateurs d’initiation aux TIC et à l’entrepreneuriat, à savoir : l’ « Opération 100 000 femmes, horizon 2012 » qui a permis de former en 10 ans, 103 350 femmes sur l’ensemble du territoire national, et le programme de formation d’ « Un million de jeunes, d’enfants et de femmes (MIJEF) à l’horizon 2035» qui, à ce jour, a permis de former 184 500 jeunes, enfants et femmes.  Le choix d’encourager la formation des femmes et des jeunes et de les autonomiser dans un domaine aussi innovant et discriminant que celui des TIC est en parfaite adéquation avec l’ODD No 5 des Nations Unies qui vise l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles.

Les objectifs de ces programmes sont le renforcement des capacités de participation des femmes et des jeunes au développement et à la lutte contre la pauvreté au travers des TIC, la capitalisation et l’extension des opportunités d’insertion professionnelle. Ces formations permettent ainsi aux femmes et aux jeunes de trouver facilement un emploi sur un marché du travail où les TIC jouent désormais un rôle cardinal, et sont non seulement un instrument de résorption du chômage, mais aussi et surtout un vecteur de lutte contre la pauvreté, parce que créatrices de richesses.

L’impact de ces programmes sur les jeunes et les femmes est visible : facilitation de la recherche sur Internet en matière de contacts d’affaires, optimisation du rendement en milieu professionnel et insertion socio-professionnelle.

En marge de ces programmes sociaux, notre cœur de métier qui est la formation des cadres supérieurs en informatique a permis la création d’une floraison de start-ups et d’entreprises.

Énergies Renouvelables et TIC

La principale difficulté rencontrée dans l’organisation des formations en TIC dans les zones rurales est l’absence de l’énergie électrique. Bon nombre de villages ne disposent pas d’une alimentation stable en énergie, ce qui est un véritable frein non seulement à l’expansion des TIC, mais également pour le développement des activités économiques des populations.

Pour une formation en TIC réussie, il est important qu’un accent soit mis sur l’énergie, et en particulier sur les énergies renouvelables. C’est dans ce sens que nous avons mis sur pied ENERTIC afin de promouvoir l’utilisation et la formation dans le domaine des énergies renouvelables, le solaire photovoltaïque en particulier, véritable solution pour assurer aux populations la capacité d’utiliser le numérique comme levier pour l’autonomisation des femmes et des jeunes des zones rurales.

Avec l’apport de la société israélienne Blue Power, son partenaire technique, ENERTIC veut mettre les énergies renouvelables au service du numérique en formant en qualité et en quantité des femmes et des jeunes, dans les métiers liés au numérique et au solaire photovoltaïque afin de leur ouvrir des perspectives d’emploi et d’auto-emploi.

Armand Claude ABANDA
Représentant Résident, Chef d’Etablissement de l’IAI-Cameroun
École Inter-États de formation des Ingénieurs en Informatique

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