Dans un contexte économique défavorable qui a quelque peu déstabilisé un pan de l’économie camerounaise, le président Paul Biya a prescrit en décembre 2017, des mesures spéciales en faveur des petites et moyennes entreprises (PME). Loin d’être un acte ponctuel, cette action est révélatrice de l’attention particulière portée aux PME en vue de l’émergence du pays. Les mesures annoncées ont porté essentiellement sur le règlement prioritaire de la dette et l’amélioration de l’accès au crédit. Ceci dans l’objectif bien compris d’améliorer les performances de ces unités de production.
En application des prescriptions présidentielles, le ministère des Finances (MINFI) a immédiatement débloqué la rondelette somme de 30 milliards de F CFA, puis 10 milliards de F CFA, pour payer la dette due aux PME. Au premier semestre 2018, l’État avait déjà réglé à hauteur de 46 milliards de F CFA sa dette intérieure. Le MINFI était également interpellé, avec le ministère des PME, de l’économie sociale et de l’artisanat (MINPMEESA), pour repositionner la Banque des PME (BCPME) à travers sa recapitalisation et la mobilisation des ressources longues, afin de permettre un financement approprié des PME.
Un financement approprié des PME
En plus de l’apurement rapide de la dette pour lequel un audit avait déjà été commandé, l’État du Cameroun a entamé le traitement particulier de la situation des crédits de TVA démarré en 2017 par la création d’un compte-séquestre à la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC). D’autres solutions au problème du financement à long terme des PME devraient intégrer un large éventail d’instruments pour couvrir leurs besoins en investissement. Parmi ces derniers figurent en bonne place, la promotion du capital-investissement, la création d’un compartiment PME à la bourse de Douala, le recours aux financements alternatifs comme la promotion des fonds de garantie, l’utilisation de l’affacturage et le crédit-bail.
Adossé à la politique des Grandes Réalisations, le président Paul BIYA a fait de l’économie «la grande affaire» du septennat en cours. Boussole de l’activité des pouvoirs publics sur la voie de l’émergence économique à l’horizon 2035, le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE) inscrit dans sa matrice d’actions prioritaires, la mise en exergue des Unités de Production Artisanales (UPA) et des Petites et Moyennes Entreprises (PME).
Un encadrement conséquent
S’agissant particulièrement des PME, il y a lieu d’observer qu’elles constituent 90 % du tissu entrepreneurial du Cameroun, contribuent à hauteur de 34 % au PIB et emploient près de 50 % des personnes recensées. Leur promotion de ce fait est primordiale et un ministère chargé prioritairement de la promotion de ce secteur a été créé en 2004. Selon le ministre camerounais en charge des PME, Laurent Charles ETOUNDI NGOA, le souhait du gouvernement est de voir les PME jouer un rôle de plus en plus central.
En plus de ce ministère, il a été mis en place l’Agence de promotion des PME (APME), la Banque Camerounaise des PME (BCPME) et bien d’autres structures qui doivent agir en synergie pour faciliter l›opérationnalisation des politiques gouvernementales en faveur des PME.
L’APME a pour vocation de contribuer à la création et au développement des PME camerounaises afin de les rendre performantes, innovantes et compétitives. Elle a accompagné 120 PME manufacturières dans leur processus de restructuration et 138 dans le renforcement de leurs capacités en TIC.
Quant à la BCPME, dotée d’un capital de départ de 10 milliards de FCFA, elle vise à mettre à la disposition des PME des possibilités de financement de leurs activités, surtout face à la résistance que leur opposent les banques commerciales, notamment pour l’octroi de crédits.
La BCPME agit en collaboration étroite avec les institutions publiques dédiées que sont, entre autres, l’Agence de Promotion des PME, le Bureau de Mise à Niveau, la Bourse de Sous-traitance et de Partenariat, les Centres de Gestion Agréés et les Centres de Formalités de Création des Entreprises. Le gouvernement envisage de recapitaliser la BCPME à hauteur de 27,5 milliards FCFA. En juillet 2017, cet établissement bancaire public a présenté un bilan selon lequel il a accordé 11,5 milliards FCFA de prêts et près de 40 milliards FCFA de caution, au profit de 1600 personnes, à des conditions de garanties souples.
Quant aux centres des formalités de création des entreprises (CFE), ce sont des guichets uniques qui regroupent en un seul lieu toutes les administrations intervenant dans le processus de création des entreprises. En 2016, les CFE ont permis la création de 15 219 entreprises, portant le nombre total d’entreprises à 61 366. Des résultats encourageants qui incitent le gouvernement à créer les CFE dans tous les chefs-lieux des régions.
Outre ces structures gouvernementales qui les placent sur d’excellentes rampes de lancement, les PME camerounaises bénéficient de l’encadrement d’organismes internationaux tels que la Société financière internationale (SFI) et la Commission économique des Nations-Unies pour l’Afrique (CEA). Ce qui est de bon augure pour leur développement.