Face à la mondialisation, les industriels africains ont intérêt à développer des stratégies originales et efficientes pour se faire une place sous le ciel des affaires au niveau international. L’initiative AfroChampions, portée par le nigérian Aliko Dangote, se propose de travailler à mettre sur orbite le potentiel africain dont on dit qu’il ne pèse que 2% dans le commerce international.
Dans ce sillage, le club AfroChampions dont le siège est localisé à Accra, capitale du Ghana, est présenté comme une plateforme d’échanges portée par des chefs de grandes entreprises et des personnalités politiques du continent africain. En 2017, sous l’égide de l’homme d’affaires nigérian Aliko Dangote et en présence du vice-président du Nigéria, Yemi Obasinjo, de l’ancien président sud-africain, Thabo Mbeki, et de l’ancien président du Nigéria, Olusegun Obasanjo, ce regroupement s’engage, à Lagos, à promouvoir l’intégration africaine en appuyant l’Union africaine pour contribuer à l’émergence des entreprises championnes et à la transformation économique de l’Afrique.
Créer un espace économique et commercial intra africain
A Lagos, la réunion de l’Exécutif de l’Initiative AfroChampions se proposait également de rassembler les recommandations des multinationales africaines à l’effet d’articuler un plaidoyer solide sur le projet de création d’une zone de libre- échange panafricaine dénommée « Continental Free Trade Area ». A cet effet, les premiers débats sur le projet ont reposé sur la levée des formalités de visa et la facilitation du commerce entre les Etats africains ainsi que la contribution des multinationales africaines au développement du continent. A terme, l’enjeu est d’assurer les bonnes perspectives et créer des emplois décents pour la jeunesse africaine dans le cadre d’un partenariat public-privé mobilisant les institutions et les ressources appropriées.
Après Lagos, la mise en œuvre de l’agenda de l’Initiative AfroChampions s’accélère. En décembre 2017, le cabinet de conseil en stratégie, Konfidants, présente à Johannesburg en Afrique du Sud, le rapport « African Globalizers ». L’étude classe les entreprises africaines éligibles au rang de potentiels « géants mondiaux » et analyse les secteurs les mieux représentés dans les échanges internationaux. Selon l’étude, au total 13 entreprises africaines répondent aux critères et sont actives dans les secteurs de la finance, de la grande distribution, de l’industrie, des matériaux de base et de la santé. A l’observation, précise le cabinet Konfidants, ces « African Globalizers » étendent principalement leurs activités en Europe et dans la sous-région Asie –Pacifique, avec une présence réduite en Amérique du Sud et du Nord. Dans cette dynamique, les espoirs que l’Initiative AfroChampions place en l’Union africaine pour booster l’agressivité des multinationales africaines trouvent un terreau favorable.
AfroChampions et l’Union africaine en accord parfait
En effet, à l’occasion du Forum des affaires qui s’est déroulé à Kigali au Rwanda en mars 2018, l’organisation panafricaine et l’Initiative AfroChampions prennent l’engagement de promouvoir la ZLEC (Zone de libre-échange continentale africaine). La feuille de route dressée à cette occasion se décline comme suit :
- Instauration du dialogue public-privé autour de la ZLEC, afin de favoriser une mise en œuvre fluide et efficace de l’accord pour l’ensemble des pays et des acteurs économiques du continent.
- Recherche et partage d’informations permettant à l’Union africaine de fédérer toutes les parties prenantes de la révolution économique de l’Afrique et d’affiner les politiques de l’Union africaine à l’endroit du secteur privé du continent. Ce faisant, le Centre de recherche de l’Initiative AfroChampions se chargera de mettre à disposition les travaux sur les investissements intra africains, le commerce et le comportement des multinationales africaines à l’épreuve des rigueurs de la concurrence et de la compétitivité internationales.
- Promotion des échanges intra africains en matière de commerce et d’investissements, en collaboration avec l’Afreximbank, une institution financière continentale à créer pour soutenir les ambitions légitimes des hommes d’affaires et des projets d’investissements africains.
- Dialogue avec la société civile pour poser des actes concrets qui puissent impulser le processus d’intégration africain. A l’instar de la création d’un passeport africain unique, accessible à tous les Africains.
Après Kigali, le déclic enclenché par l’Initiative AfroChampions et désormais inscrit dans l’agenda de l’Union africaine est appelé à connaitre encore plus de retentissement. Car, seules les solidarités et les convergences de stratégies peuvent mettre les ambitions mondiales légitimes de l’Afrique sur orbite. Le PDG du groupe Infitech Investments vice-président du club AfroChampions pour l’Afrique de l’Est, Ali Mufuruki, a d’ailleurs souligné, au terme du Forum de Kigali, qu’« au sein de l’Initiative AfroChampions, il est heureux de constater que les décideurs publics sont aussi conscients que les décideurs privés de l’urgence de mettre en place la Zone de libre-échange continentale africaine ». Un pas…un autre pas et les défis économiques de l’Afrique pourraient être relevés sur la voie tracée par l’élite depuis Lagos.