L’Amérique du nNord est bien entendu une classe à part dans la galaxie des bourses mondiales. Secouées par quelques crises légendaires, quelques-unes ont choisi de resserrer leurs offres. Au Canada, Montréal et Toronto sont deux places aux profils particuliers qui pourraient inspirer en Afrique. En trouvant des titres de niche porteurs, et correspondant à leur marché naturel, les bourses africaines trouveraient certainement le moyen de hausser et maintenir une capitalisation.
Montréal a toujours été l’une des places les plus actives en Amérique du Nord sur le plan des finances et les premières transactions sur actions ont lieu à l’Exchange Coffee House en 1832. Une première au Canada. Tout au long de son histoire, l’institution a connu les mutations majeures de l’économie mondiale et surtout du négoce. Fortement secouée, avec ses paires canadiennes, par la concurrence des places boursières des États-Unis, elle suit une tendance initiée en 1996 par son président, Gérald Lacoste, qui proposera une restructuration des bourses du pays.
En mars 1999, la Bourse de l’Alberta, la Bourse de Montréal, la Bourse de Toronto et la Bourse de Vancouver signent une entente historique. Ces établissements mettront en œuvre conjointement un programme de restructuration des installations et des services de négociation qu’elles fournissent. Ce programme visera à accroître l’efficacité des installations et services de négociation des Bourses, à créer de nouvelles occasions pour le marché canadien et à améliorer la compétitivité de l’industrie canadienne des valeurs mobilières dans le contexte de la mondialisation des marchés des valeurs mobilières et des produits dérivés ainsi que de l’évolution technologique.
Une opération qui permettra de mettre un terme à la fragmentation du marché canadien des valeurs mobilières et des produits dérivés négociés en bourse, afin d’éviter le dédoublement des services et à miser sur les points forts de chaque Bourse par la spécialisation.
Ce programme, original pour l’époque, tient compte du fait que chacune des Bourses avait développé des champs de spécialité et d’expertise recelant un potentiel de croissance supplémentaire et de compétitivité accrue. Il a également été conçu pour répondre aux besoins des différentes régions du Canada, et particulièrement au besoin d’assurer au public un accès à la même gamme de services aux endroits où ils sont déjà offerts par les Bourses ainsi que dans d’autres centres où le marché le justifiera.
Il faut savoir qu’à cette époque là, sur les 534 entreprises inscrites en bourse à Montréal, 80% étaient à la fois présentes à Montréal et à Toronto. Désormais, elles ne le seront plus qu’à Toronto, qui négociera en exclusivité les titres de sociétés de grande capitalisation – comme les géants Bombardier, Molson, Quebecor ou encore Vidéotron.
Un exemple pour l’Afrique ?
Ce repositionnement peut-il servir de piste de développement pour les Bourses africaines ? Sur le plan conceptuel, cela peut s’imaginer, sauf que la configuration des zones économiques sur le continent africain est très différente de celle du Canada. En Afrique, les problèmes d’intégration politique et économique demeurent cruciaux. Il y a encore tant à faire au niveau de la monnaie et des banques qu’il viendrait difficilement à l’idée d’établir des convergences boursières. Mais quelques exemples sous-régionaux annoncent peut-être le portrait de l’avenir pour ce secteur. On citera le cas des Bourses de Lagos (64,2 milliards $US dont 25 milliards environ pour le marché d’actions), Nairobi (30,7 % de progression, après une baisse de 10,9 % en 2016) et Johannesburg qui plane (au dessus des 1000 milliards $US).