Face au rétrécissement du marché de l’emploi  et à  l’incapacité des fonctions publiques africaines à absorber les jeunes chercheurs d’emploi, les gouvernements africains promeuvent la professionnalisation. Une belle option dont le financement, pour être durable, doit être élargie aux partenaires  divers.

L’ère de la « diplomite » et de l’emmagasinement des savoirs livresques semble être révolue. Surtout pour les jeunes  Africains qui caressent l’espoir de se frayer un chemin glorieux sur le marché de l’emploi et de l’auto- emploi. Conscients de cette nouvelle donne, les pays africains mettent sur pied des mécanismes  institutionnels pour doter les jeunes d’aujourd’hui, créateurs de richesses de  demain, d’une expertise professionnelle pointue et adaptée à l’environnement économique.

Les États africains à court de ressources

Dans la plupart des pays africains, l’Etat reste le plus grand contributeur aux dépenses de formation. Mais la faiblesse des moyens publics attribués (2% à 6% des dépenses publiques d’éducation, selon le rapport OCDE-BAD) oblige les États à entrer dans une stratégie de diversification des sources de financement qui optimisent les coûts de formation en touchant le plus grand nombre.

Suite à la grave crise économique  que traversent les pays africains au début des années 90, le concept de formation professionnelle s’enracine dans l’agenda politique. La création des portefeuilles ministériels spécialement dédiés à l’emploi et à la formation professionnelle. L’objectif visé étant de mettre l’accent sur la demande  du marché et non sur l’offre aveugle et tatillonne des chercheurs d’emploi.

Dans la foulée, naissent, ici et là, des centres de formation professionnelle aux métiers qui contribuent à réduire le chômage des jeunes et améliorer les conditions de vie des jeunes en particulier et des populations en général.

De toute évidence, les contraintes budgétaires des États ne facilitent pas toujours la mise en œuvre heureuse des projets  qui, pourtant, mettent l’accent sur la formation des ouvriers qualifiés et des techniciens dans les secteurs porteurs tels la maintenance, la logistique, les transports et l’agroalimentaire. L’Agence Française de Développement(AFD), activant les leviers des nouveaux mécanismes de  gestion de la dette vient en appui. Dans certains pays africains  sous Contrat de Désendettement Développement(C2D), des dizaines de millions d’euros sont débloqués pour aider au financement de ces initiatives nationales.  Le Cameroun reçoit en 2011 et en 2012, une cagnotte de près de 25 millions d’euros sur fonds C2D pour financer les activités des centres de formation sous la tutelle du ministère de l’emploi et de la formation  professionnelle créé en 2004.

Les initiatives de création des centres de formation professionnelle, on s’en doute, ne sont pas exclusives à l’Etat.  Motivés par les discours politiques et la forte demande exprimée par les jeunes, des promoteurs privés entrent dans la danse. Les départements ministériels en charge des questions de l’emploi et de la formation professionnelle délivrent des agréments aux opérateurs présentant des projets cohérents et bien ciblés qui, selon le tissu économique de chaque pays, sont mis en œuvre  en partenariat avec certaines  entreprises publiques ou privées évoluant dans les domaines choisis.

La Banque Mondiale et la BAD en soutien

Dans le même ordre, la Banque Mondiale apporte également des financements importants  en vue d’accompagner les moyens insuffisants des pays africains dans le secteur de la formation professionnelle. L’un des cas les plus éloquents est le Gabon. Ce pays bénéficie d’un prêt de 100 millions de dollars (50 milliards de FCFA) de cette institution financière de Bretton Woods  pour la promotion de l’emploi des jeunes. Il s’est agi concrètement de développer les compétences des jeunes, à travers la formation professionnelle et les programmes d’entrepreneuriat jeunes, et de lutter contre le chômage qui frappe 37,5% des jeunes de 15 à 25 ans au Gabon.

Bien plus, la Banque Africaine de Développement(BAD) lance, en décembre 2016, la formation des jeunes en entrepreneuriat, « Agripreneur à zéro franc », en Côte d’Ivoire. Pour sa phase pilote, 30 jeunes issus de trois pays- Côte d’Ivoire, Libéria et Madagascar, prennent part à cette formation et bénéficient  d’un suivi technique et d’un coaching  pendant  six mois pour le démarrage  de leurs unités de production dans leurs pays respectifs.

En rappel, la stratégie de la BAD pour l’emploi des jeunes en Afrique est articulée sur l’intégration, l’innovation et l’investissement au service de l’entrepreneuriat agricole, un puissant moyen qui permettra aux jeunes Africains de nourrir le continent et de favoriser son développement.

Les universités aussi

Au niveau universitaire, l’option de la professionnalisation a fait beaucoup de chemin en Afrique.  A côté des cursus purement académiques, les gouvernements ont créé des filières ‘’professionnalisantes’’ qui conduisent aux licences et aux masters professionnels. L’originalité ici repose essentiellement sur la forte implication des professionnels du secteur privé dans la dispensation des contenus enrichis des expériences en entreprises. Ces résultats ont été obtenus grâce aux fonds publics et à l’appui des partenaires tels l’UNESCO et de l’Organisation Internationale de la Francophonie.

Jean-Mathias KOUEMEKO

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