A  la faveur  des nouvelles  possibilités  offertes par l’accélération de la révolution numérique en ce 21è siècle, les promoteurs de projets innovants se recrutent en majorité parmi les jeunes. Le ventre mou, le financement d’idées de projets commence à recevoir un meilleur accueil sur le continent africain.

Le renforcement de la professionnalisation et la recherche dans l’enseignement supérieur en Afrique a débouché sur la valorisation du potentiel entrepreneurial des jeunes étudiants. En s’impliquant dans la conception et le montage de projets, cette catégorie sociale se place dans une position idéale dans la création des Petites et Moyennes Entreprises(PME) qui représentent,  généralement,  80 à 90% du tissu des entreprises dans les pays africains.

Créer des emplois et la richesse, précieux objectifs

Certes la promotion des PME sur le continent africain a toujours butté contre la rareté des moyens  financiers et les rigueurs des conditions d’obtention  de crédit auprès des banques classiques. Mais, les exploits du numérique et la capacité de celui-ci à façonner dans les « incubateurs », sorte de laboratoires de développement des projets et de coaching des porteurs de projets, séduisent de plus en plus en Afrique, les structures de financement publiques, bilatérales, multilatérales ou privées. Le principal  gain étant la création des emplois,  la contribution à la création de  la valeur ajoutée nationale et, par ricochets, la réduction du taux de chômage au sein de la population jeune.

En Afrique de l’Ouest où le réseau d’acteurs dans les nouvelles technologies est moins dense, les administrations, parfois soutenues par des institutions internationales de développement, fournissent souvent du foncier ou des locaux. Elles servent aussi de caution pour permettre aux jeunes entrepreneurs (start-upers compris) de réaliser des emprunts indispensables au développement de leurs projets. A titre d’illustration, à Dakar au Sénégal, le CTIC est soutenu par les pouvoirs publics, la Banque mondiale  et  les entreprises privées au rang desquelles les sociétés de mobile. Cet incubateur sénégalais se finance aussi, grâce au versement par  la quinzaine d’entreprises incubées, d’une partie de leurs bénéfices.

Les organismes de financement multilatéraux s’impliquent

L’accompagnement des incubateurs en Afrique du Nord semble  être soutenu par des mécanismes qui profitent  aussi  aux incubateurs du Moyen-Orient. Ainsi, InfoDev  fournit un appui financier et technique à  21 entreprises incubatrices de pépinières d’entreprises dans onze pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Ce réseau d’incubateurs et pépinières a le privilège de bénéficier du financement de la Banque de Développement du Barhein, et compte 630 entreprises incubées, 4120 employés dans les entreprises incubées, 110 entreprises qui ont fini l’incubation sous l’encadrement de InfoDev.

La logique du financement multilatéral des incubateurs de start-ups  est également le cheval de bataille de l’Agence Française de Développement(AFD). En 2016, cette institution signe une convention de près de 1.700.000 euros (1.113.500.000 FCFA) avec l’incubateur Bond’Innov (Paris) pour le lancement d’une plate-forme d’accompagnement des incubateurs de start-ups en Afrique. Au terme du programme, une vingtaine de structures d’accompagnement à l’entrepreneuriat de plusieurs pays d’Afrique francophone devraient être impactées par la déclinaison Afric’Innov  qui a l’ambition d’être le média de référence de l’innovation en Afrique francophone et un système d’information et de ressources en ligne pour les structures d’accompagnement à l’entrepreneuriat.

Levée de fonds : trois pays sur le podium

Finalement, le nombre d’actions de soutien financier aux incubateurs d’entreprises innovantes en Afrique va  tous les jours   croissant. Les montants débloqués par des porteurs de fonds permettent de parier fortement sur l’activité. Dans cette lignée, la Banque Africaine de Développement(BAD), à travers le Fonds d’assistance au secteur privé africain(FAPA), a financé en Côte d’Ivoire des projets incubateurs à hauteur de 473,5 millions de FCFA. Les chiffres sont davantage éloquents lorsqu’on visite les situations spécifiques de quelques pays champions. Au Nigéria, les entreprises dans le domaine de la technologie ont attiré, en 2016, 109 millions de dollars (54.500.000000 de FCFA). Les incubateurs d’Afrique du Sud  ont reçu 96,7 millions de dollars (48.350.000.000 de FCFA) en 28 levées de fonds. Le Kenya, lui, occupe le troisième rang en  Afrique avec 92,7 millions de dollars (46.350.000.000 de FCFA) levés par le réseau d’incubateurs nationaux.

En clair, les résultats en rapport avec la mobilisation des fonds par les incubateurs d’entreprises en Afrique sont appréciables. Reste néanmoins à convaincre les pouvoirs publics, les banques et les entreprises donatrices qu’ils ne doivent pas demeurer allergiques aux risques. Ceux-ci doivent avoir en permanence  à l’esprit  que les taux d’intérêt  élevés tuent le génie,  l’innovation et les emplois.

Jean-Mathias KOUEMEKO

 

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