Dans les options de financement et de recherche d’investissements en Afrique, on a souvent tendance à privilégier les avenues inscrites dans la nouvelle économie du savoir. Seulement, des produits typiquement africains sont recherchés sur les marchés mondiaux. L’alimentation en est un exemple parfait car ce secteur est particulièrement réputé pour acquérir de nouvelles saveurs à prix d’or. De quoi alimenter la filière des nouveaux millionnaires, sachant que le continent comptait en 2016 près de 145 000 personnalités très riches, avec des avoirs d’environ 800 milliards $ US, selon le rapport Wealth Africa de la banque AfrAsia.

L’Afrique a tellement été annoncée à la croisée des chemins qu’on en arrive à en confondre les pistes de développement et de croissance porteuses de richesse. Longtemps tributaire de l’agriculture extensive et d’exportation, une grande partie des pays africains a fait le pari de diversifier son tissu industriel. Faute souvent d’expertise et de moyens, deux à trois générations de gens d’affaires s’en sont tenues, ces dernières décennies, à miser sur des valeurs sûres. Une nouvelle tendance se dessine toutefois, car la plupart des nouveaux millionnaires sont des personnalités ayant créé des entreprises sortant des sentiers battus, et ayant investi dans des volets étonnamment lucratifs.

Des opportunités de premier ordre

Lors du Forum africain des jeunes « agripreneurs » (dit AYA Forum) organisé à Ibadan, au Nigeria, les 25 et 26 avril 2017, et initié par la Banque africaine de développement (BAD), le constat a été fait que de fantastiques opportunités d’affaires s’offrent aux jeunes diplômés africains dans le secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire. Sur l’un des baromètres de la Banque Mondiale Growing Africa: Unlocking the Potential of Agribusiness publié en 2013, on peut lire que le deuxième secteur le plus porteur en matière d’investissements en Afrique est effectivement l’agro-alimentaire, avec une valeur que les experts annoncent à près de 1000 milliards $US d’ici à 2030; le continent africain disposant de plus de 50% des terres arables non cultivées dans le monde et une main-d’œuvre abondante. Mais avant de viser les marchés globaux de l’exportation, l’immense bassin sans cesse grandissant de consommateurs africains représente également une manne exceptionnelle. On estime, par exemple, que les Africains importent chaque année un peu plus de 70% de leurs besoins en blé et dépensent plus de 10 milliards $US en matière de céréales, le riz en particulier. Il y a donc une marge de développement extrêmement importante et les opportunités d’affaires et d’emploi sont très nombreuses.

Interrogé à cet effet, Hennie van der Merwe, PDG de l’Agribusiness Development Corporation (ADC), basée en Afrique du Sud, indique que l’Afrique offre de nouvelles perspectives de marché aux entreprises agroalimentaires. « L’une des plus grandes limites du développement de l’industrie agroalimentaire en Afrique est les contraintes en termes de capacités et de compétences humaines. La capacité et l’expérience nécessaires au développement et à la gestion des entreprises de l’agriculture commerciale et de l’agroalimentaire font grandement défaut aux industries africaines. Ce transfert des technologies et ce renforcement des capacités seraient nécessaires pour y parvenir», précise-t-il.

La restauration de pointe en ligne de mire

S’il y a un secteur encore peu exploité par les Africains, c’est également celui de la restauration de luxe. Ici, les grandes chaînes de restauration doivent trouver dans chaque cycle oscillant entre trois et six ans, le moyen de satisfaire une clientèle exigeante. Cela va de la clientèle d’affaires à une classe sociale friandes de consommation exotique et innovante. Ces « aristocrates » de la consommation ont les moyens de leurs désirs et il faut sans cesse les surprendre et les fidéliser. Dans cette gastronomie de luxe, les produits africains les plus recherchés se retrouvent dans les épices à forte valeur ajoutée ou dans des dérivés de l’agriculture. Robert Dion, éditeur de la revue Hôtels, Restaurants et Institutions (HRIMag), prédisait déjà pour 2017 une ascension des mets inspirés de « la cuisine du monde ».

En dehors de l’adaptation des recettes africaines « qui marchent », les épices, tout comme les nouvelles variétés de café ou des saveurs fines fruitières pour pâtisserie, sont autant de refuges porteurs pour investisseurs aventureux. Ces derniers n’ont qu’à s’attaquer à la recherche et établir de véritables laboratoires avec des objectifs à l’affût des tendances. Contrairement au milieu de la pharmacie où les molécules imposent un long chemin de croix, l’équilibre dans l’alimentation se trouve assez rapidement. Devancer les besoins de la clientèle est également un élément de motivation supplémentaire pour s’assurer de devenir, nécessairement, une référence. Les nouvelles générations d’agriculteurs africains se trouveront également naturellement investis d’une autre mission, celle de proposer des étiquettes « bio » et « terroir ». Les sols d’Afrique en regorgent et à revendre.

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